Que deviennent mes photos et vidéos publiées sur internet ?

Quels droits donnons-nous aux réseaux sociaux ? Est-il facile de supprimer un contenu indésirable ?
Voici 8 points à retenir avant de publier une image ou une vidéo sur votre réseau social favori.

En effet, les photos ou vidéos que vous publiez sur les réseaux sociaux ne tombent pas dans le domaine public, le droit français vous protège et garantit votre droit moral et votre droit à l’image.

Cela veut dire que vous restez le ou la seul·e propriétaire moral de la photo ou de la vidéo et que vous pouvez réclamer le retrait d'un contenu où vous apparaissez ou qui utilise votre contenu sans votre autorisation.

Néanmoins, lorsque vous publiez une photo, vous accordez à la plupart des réseaux sociaux, et ce, conformément à vos paramètres de confidentialité et aux applications que vous utilisez, une licence mondiale libre de droit, non exclusive, gratuite, incluant le droit d’accorder une sous-licence, d’utiliser, de copier, de reproduire, de traiter, d’adapter, de modifier, de publier, de transmettre, d’afficher et de distribuer ces contenus sur tout support par toute méthode de distribution connue ou amenée à exister. Cette licence de propriété intellectuelle se termine lorsque vous supprimez vos contenus ou votre compte, sauf si votre contenu est partagé avec d'autres personnes qui ne l'ont pas supprimé.

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Que l’on donne à Facebook, Instagram, LinkedIn ou Twitter une licence stipulant qu’ils peuvent exploiter votre contenu conformément aux paramètres de confidentialité que vous avez choisi, et ce, n’importe où dans le monde sans vous payer un centime ou vous demander la permission. Mais aussi que cette licence peut être confiée à des entreprises tierces. Par ailleurs, cette licence est non exclusive, cela veut dire que vous pouvez tout à fait la céder à quelqu’un d’autre. Enfin, elle se termine lorsque le contenu est retiré du réseau social (sau f si votre contenu a été repartagé par quelqu’un d’autre qui ne l’a pas supprimé).
En fait, si cette licence est vague et complexe, c’est pour permettre le fonctionnement de ces réseaux sociaux afin qu’il puisse partager votre contenu aux autres utilisateur·trice·s mais aussi analyser votre contenu par des algorithmesUn algorithme, c’est comme une recette de cuisine. C’est une suite d’étapes qu’un logiciel doit suivre pour obtenir un résultat. afin d’en retirer des données vous concernant, données qu’il peut ensuite revendre à des tiers.

En résumé

Vous ne perdez pas votre droit moral sur votre contenu et Facebook n’imprimera pas de t-shirts avec votre photo de profil, mais il utilisera votre image dans le cadre du réseau social à savoir : partager votre photo à autrui selon vos paramètres de confidentialité. Mais les réseaux sociaux comme Facebook vont plus loin et analysent vos photos et vidéos avec des algorithmes(1) afin de déterminer ce qui se trouve sur la photo (une fleur, un visage, un gros plan, un animal…) ainsi que toutes les métadonnéesLes métadonnées sont toutes les informations qui concernent une donnée à défaut de son contenu. associées au contenu (la date, l'heure, qui a vu la photo, …). Ces données sont ensuite revendues à des tiers afin d'améliorer le ciblage publicitaire. Soyez donc vigilant·e lorsque vous postez une image. Prenez le temps de bien paramétrer vos paramètres de confidentialité sur Facebook, sur Instagram, sur LinkedIn et sur Twitter et sachez que Facebook ou Twitter ne se priveront pas d’analyser votre contenu pour mieux vous cibler par la suite.

Il est important de considérer que lorsque vous publiez une photo ou une vidéo sur un réseau social, bien que protégé.e par le droit français, vous perdez le contrôle de sa diffusion.

En effet, n’importe qui peut sauvegarder vos photos sur son ordinateur et les réutiliser pour son utilisation personnelle ou plus grave, à des fins de harcèlement.
Prenez le temps de bien paramétrer vos paramètres de confidentialité sur Facebook, sur Instagram, sur LinkedIn et sur Twitter et de vérifier, chaque fois que vous publiez du contenu, pour qui ce dernier sera visible (public, amis, amis proches…). Cela permettra d’éviter que votre employeur ait accès aux photos de votre dernière soirée un peu trop arrosée.
En effet, il peut être compliqué d’obtenir la suppression d’une photo sur un réseau social si vous n’êtes pas la personne à l’origine de la publication, même en raison du droit à l’image ou de la propriété intellectuelle (voir le paragraphe ci-après “Comment réclamer la suppression d'un contenu”).

En résumé

Prenez le temps de bien paramétrer vos paramètres de confidentialité sur Facebook, sur Instagram, sur LinkedIn et sur Twitter.
Pensez à demander à chaque personne se trouvant sur la photo si elle souhaite se retrouver publiée sur un réseau social. Par exemple, faites attention lorsque vous publiez des photos de vos enfants, car les images peuvent être volées et se retrouver sur des sites de pédopornographie(2).

En effet, relayée par Le Parisien en 2018(3), une étude de McAfee, une société de cybersécurité indique que 34% des parents ne se demandent pas si leurs enfants seraient d’accord avec la publication de leurs photos en ligne. 25% estiment quant à eux que ces derniers sont trop jeunes pour émettre une décision à ce sujet.

Tous les moteurs de recherche comme Duckduckgo, Google, Bing, Ecosia, Qwant et j’en passe, écument le web à la recherche de nouveau contenu.
Tout contenu qui sera affiché publiquement sur vos réseaux sociaux sera indexé par les moteurs de recherche et il est très difficile d'en demander la suppression. Voici quelques pistes : https://defense-du-consommateur.ooreka.fr/fiche/voir/249227/effacer-ses-donnees-personnelles-des-moteurs-de-recherche

En résumé

Réfléchissez plusieurs fois avant de publier un contenu public car ce dernier peut se retrouver indexé par les moteurs de recherche et il peut être très difficile d'en demander la suppression. Prenez le temps de bien paramétrer vos paramètres de confidentialité sur Facebook, sur Instagram, sur LinkedIn et sur Twitter.

C’est le cas par exemple de l'entreprise Clearview AI, qui se targue de détenir 100 milliards de photos (soit 14 photos pour chaque personne sur la planète) et offre cette base de données aux forces de police pour leur permettre de résoudre des affaires. En février 2022, l'entreprise a même affirmé pouvoir identifier “presque tout le monde sur Terre” d'ici 2023(4)

Comment a-t-elle récupéré tout ce contenu ? Grâce aux photos publiées publiquement sur tous les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter, LinkedIn…).
Une application permettrait de comparer une photo avec celles qui sont présentes dans la base de données. Une application qu’elle met à disposition des forces de l’ordre de plusieurs pays, dont les États-Unis.
Le 16 décembre 2021, la CNIL a ordonné à l’entreprise de supprimer les photos et vidéos qu’elle détient, qui l’accuse de collecter et d’utiliser des données biométriques sans base légale et dans l'absence de prise en compte satisfaisante et effective des droits des personnes, notamment des demandes d'accès. Si, à l'issue du délai de deux mois, la start-up américaine ne s'est pas conformée aux demandes de la CNIL, cette dernière pourrait prononcer une sanction pécuniaire.

En résumé

Prenez le temps de bien paramétrer vos paramètres de confidentialité sur Facebook, sur Instagram, sur LinkedIn et sur Twitter afin d’éviter que vos contenus ne soient publics et récupérables par toutes ces entreprises.

De nombreuses applications proposent un fonctionnement ludique d’utilisation de vos photos ou vidéo comme l’utilisation de filtres, le vieillissement artificiel, la création de Deepfake ou tout simplement le partage entre ami·e·s de photos et vidéos au quotidien (Instagram, BeReal, TikTok, FaceApp, FaceSwap…).
Pensez à vérifier les politiques de confidentialité de tous ces services, car la plupart du temps, lorsqu’ils sont gratuits, ils analysent vos images avec des algorithmes afin de construire à partir de vous un identifiant unique pouvant servir à affiner du ciblage publicitaire ou être revendu à d’autres entreprises (les data brokersOu “courtiers de données” en français. Des entreprises qui récoltent et revendent un maximum de données depuis un site internet ou une application.).

En résumé

Il est tentant d’installer une application ludique surtout lorsque tout son entourage l’utilise. Néanmoins, prenez le temps de lire des politiques de confidentialité afin de vérifier si vos photos restent privées et ne sont pas utilisées par l’application à des fins publicitaires ou revendues à d’autres entreprises.

La première chose est d’essayer de contacter la personne qui a publié le contenu et lui demander sa suppression. Autrement, signaler un contenu fonctionne plus ou moins selon les plateformes et les services. Voici un lien qui vous permettra de signaler tout contenu inapproprié sur chacune de ces plateformes :

Le plus simple est d'utiliser un service de Cloud respectueux de votre vie privée car cela vous permet deux choses :

  1. de contrôler qui à accès à vos documents grâce à un lien partageable.

N'hésitez pas à faire un tour du côté des alternatives pour trouver des idées de services éthiques !

Vous pouvez aussi utiliser un réseau social éthique comme Mastodon, l'alternative à Twitter. Ce réseau social n'analyse pas votre contenu à des fins publicitaires. Néanmoins, tout contenu public peut être confronté aux mêmes risques d'indexation, de siphonnage ou de harcèlement que sur un réseau social traditionnel.

Comment protéger ses photos par le droit d'auteur sur internet : https://www.photograpix.fr/blog/trucs-et-astuces/proteger-photos-sur-internet/

  • Dernière modification : 17 February 2022
  • de herminien